De profundis, lettres des abysses 2

Voici la deuxième lettre échangée dans le cadre de De profundis, le jeu épistolaire inspirée de H.P Lovecraft. Il s’agit de la réponse de Monsieur Masurel à Monsieur Zéta. (Première lettre et concept du jeu ici).

Deuxième lettre des abysses

Nantes, le dimanche 21 novembre 2010

Cher monsieur Zéta,

C’est avec grand plaisir que j’ai reçu, puis lu votre lettre. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne vous ai pas pris pour un fou. Loin de là !
Il s’avère en effet que moi même il m’arrive d’avoir des pensées, des avis, voire des recherches très mal… Comprises par mon entourage. Certains, s’ils savaient tout, me prendraient même sûrement pour un fou.
Toutefois, je ne peux leur en vouloir, leur ignorance ne peut que les conforter. Et puis cela me permet de garder un pied dans le monde consensuel que l’on nous impose. Après tout, tous autant que nous sommes, nous l’acceptons sans le cautionner.
Je tenais à vous remercier de m’avoir alerté sur la “mémétique”,science inconnue pour moi, mais que je ne vais pas manquer de découvrir, car elle me semble forte intéressante, et trop méconnue au vu du risque qu’elle peut engendrer.
A la lecture de votre lettre, ce sujet m’a projeté plusieurs images en tête, notamment celles d’un film vu il y a quelques années : “Terminator” de James Cameron dont je ne vous ferai pas l’insulte de vous remémorez le pitch. Ce classique que j’appellerai d’anticipation prend toute sa logique avec la mémétique.
je ne vous cache pas qu’au moment où j’écris ces lignes, un frisson me parcours l’échine.
Pour ma part et avant votre courrier, tout mon esprit était occupé par des sciences comme l’ufologie, la cryptozoologie, etc.
Au départ, curiosité qui se transforme en passion, puis au fil des ans, des découvertes, devient un véritable combat pour ouvrir les yeux aux pauvres quidams.
C’est chose étonnante que je n’ai jamais entendu parler de mémétique tout au long de mes longues années de pérégrinations. Alors que celles-ci, auraient, en toute logique dû m’y amener à un moment plus ou moins long.
Ma machine me ment.
Vous m’avez fait réaliser quelque chose monsieur Zéta, oui, ma machine me ment. Ce n’est pas un hasard que je ne sois jamais tombé sur la mémétique, c’est en réalité, et j’en suis désormais persuadé, que mon ordinateur m’en bloque très certainement l’accès…
Depuis quelques années, je travaille de plus en plus sur ordinateur, délaissant mes vieux dossiers pleins de poussières, j’achète mes livres sur des sites Internet tel qu’Amazon, mais en réalité, ces sites me donnent l’illusion d’énormément de choix par rapport à une bibliothèque, or ce choix est déjà filtré par ma machine, sinon, comment n’aurais-je pas pu entendre parler de mémétique ?
J’avais déjà certainement de nombreux documents corroborant le fait qu’une présence étrangère venant d’une planète plus ou moins éloignée était entre en contact avec nos gouvernements (entre autres…) mais avec votre courrier, de nouvelles recherches s’offrent à moi.
En effet tout prend un sens, et si nos machines étaient déjà indépendantes ? Si elles étaient non pas vivantes mais conscientes, oui, limitées fonctionnellement, mais conscientes.
Ceux qui liraient nos échanges pourraient nous prendre pour des fous, mais combien d’automobilistes parlent à leurs voiture pour la faire démarrer ? Amusant, ou simple conditionnement subconscient ? Les jardiniers parlent bien à leur plantes…
Je vous le dis Mr Zéta, vous m’avez ouvert les yeux. Depuis que j’ai reçu votre courrier, je ne dors quasiment plus, pensant constamment aux machines qui m’entourent, et la façon dont elles peuvent influencer ma vie, mes opinions, ma façon de penser, etc.
Je prends un moment pour relire le courrier que je viens de vous écrire, et j’espère que vous ne me prendrez pas pour un fou, après tout, nous ne nous connaissons même pas…
Cela me rassure de savoir que nos échanges se feront par courrier uniquement, et que vous venez vers moi de la part de mon vieil ami Marc.
Je suis un ancien directeur commercial, aujourd’hui à la retraite, et je dois dire que plus les années passaient, plus la machine prenait le pas sur l’humain, même au sein de la relation commerciale.
Cela n’étonne plus personne, mais je dois dire que j’ai déjà de plus en plus de mal à vivre dans ce monde.
Saviez vous, mr Zéta, que les premiers enlèvements extra-terrestres, remontent jusque dans nos contes mythologiques ?
je vous invite à ce sujet, à vous renseigner sur les changeling. Classifiées comme fées dans les contes, celles-ci remplaçaient un bébé par un autre… Étrange n’est-il pas ? Le rapprochement est, vous en conviendrez, pourtant évident. Et le fait que celui-ci n’ait jamais été fait est quelque peu déroutant.
Ils ont gagnés et tout ce que nous pouvons faire, c’est récolter suffisamment de preuves pour ouvrir les yeux de nos congénères et organiser la future résistance, qui sera je l’espère notre salut. Je savais qu’ils étaient parmi nous mais je ne connaissais pas leur arme, les machines!
Désormais c’est chose acquise…
Ils ont rendu l’humanité dépendante à ces technologies, et j’espère qu’il n’est pas encore totalement trop tard. Le fait que nous évoquions cela, me rassure sur le propos. Je vous avoue toutefois, que sachant tout cela, j’ai beaucoup de respect pour vous qui passez tout ce temps sur ces machines, notamment par obligation alimentaire.
Comment faites vous pour ne pas craquer ? Pour montrer à ces machines que vous croyez leurs chimères ?
Cette volonté de fer, je ne sais pas si moi-même j’en serais capable…
Pour tout vous dire, je n’allume plus mon ordinateur que pour consulter mes mails, et j’invite peu à peu tous mes correspondants à revenir au courrier comme nous le faisons actuellement. Je ne téléphone même quasiment plus.
Ce sont de vastes sujets, et je ne sais pas si nous aurons l’occasion de les approfondir, et de les évoquer de vives voix, toujours-est il que je  suis enchanté de cet échange, que j’espère l’approfondir, e t que lire vos lettres me rassure.
Je me sens moins seul.
Amicalement,
Jacques Masurel

 

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